Un temps de moine

UN TEMPS DE MOINE
Témoignage de confinement / 10
par Katie, de base 9

L’aubaine pendant cette période de confinement est la nature du printemps qui m’émerveille et me ressource. La forêt vit pleinement et tranquillement en ce moment, et même si je n’ai pas la possibilité d’entrer dedans, je peux faire des balades tout près. Je découvre de jolies ruelles fleuries à deux pas de chez moi que je ne savais pas exister! Pour une personne de base 9, la nature est très importante. En plus le soleil nous accompagne tous les jours et mes chats me tiennent bonne compagnie aussi!

Le piège est de m’habituer au confinement et le calme. Je crains le retour à la bruit dans les rues, la vie sociale avec du bénévolat et des activités. J’ai appris à me contenter de peu – je fais les courses une fois tous les quinze jours, je n’achète plus de vêtements et j’ai dû soigner mes plantes de l’année dernière – pas possible d’en acheter d’autres! Je me suis adaptée assez facilement à ce temps et j’ai pu tisser des relations harmonieuses avec mes voisines qui peuvent être une force. Pour mes faiblesses je me rends compte que je deviens égoïste. Si je ne fais pas attention je deviens submergée par toutes les informations alarmantes venant des deux pays de la Manche (je suis britannique!) et tout ce qui circule en Social Media. Je n’arrive pas à choisir entre stations de radio ou faire le tri entre toute la nourriture spirituelle offerte par l’église catholique et l’église anglicane.

Ma première réaction était la peur d’attraper le virus et de me trouver dans l’hôpital de Fontainebleau ou de mourir. Il y a avait aussi un sens de soulagement d’avoir un agenda beaucoup plus calme parce que je n’arrivais pas à faire le tri moi-même et d’être libérée de certaines obligations.

Au début du confinement, j’étais déboussolée mais au fils du temps, j’ai trouvé une routine et les restrictions de sortie m’ont imposé une certaine structure dans ma journée. Normalement je fuis la solitude mais le fait qu’il y a beaucoup des personnes dans le même bain et que je sais que c’est pour me protéger, je l’accepte. Dans mes relations, je vois mes voisins tous les jours et je reste connectée avec mes amis par texte. Nous avons commencé à se téléphoner de nouveau. Je me sens plus proche à mes cousins en Angleterre avec des échanges quotidiens par la création d’un groupe WhatsApp. Dans un sens ce temps de moine me protège des relations trop prenantes. Le confinement a crée plus d’espace dans une certaine relation et a laissé développer une relation plus naturelle.

Je pense que nous sommes impuissants dans cette situation et nous devons tourner vers Dieu pour nous guider et nous guérir. Le pape François et monseigneur Aupetit sont des vraies lumières et me réconfortent. Leur foi, leur humanité, leur compassion, leur bon sens et leur parole toujours juste soutiennent et éclairent ma vie spirituelle. C’est nouveau de passer autant de temps à la maison et de prendre soin de moi. Je me rends grâce pour ma petite maison et terrasse où je me sens bien et je peux échanger avec mes voisins. Je prends plaisir à faire la cuisine en écoutant la radio et j’ai même semé des graines et les petites pousses qui apparaissent sont de vrais bonheurs.

Je participe très modestement dans cet esprit de solidarité qui est présent en ce moment. Par exemple j’ai utilisé mes talents d’informatique à créer des affiches pour l’EHPAD et j’essaie d’être à l’écoute de mes amis, et de rendre service à mes voisins âgés.

Voilà, j’espère de tout cœur que cette période nous a appris une nouvelle et meilleure façon à vivre…

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