Métaphore de la base 7

unnamedLA LOI DE LA JUNGLE

par Eric
de base 7

J’étais qu’un gamin quand on m’avait donné le sac de graines. Sur l’étiquette, y’avait marqué que ça venait de l’Eden. Mais elle était toute jaunie, l’étiquette, et la date était effacée de toute façon.

On voyait juste un « 7 ».
Alors j’avais commencé à semer.

La terre était pas trop mauvaise et quelques fleurs avaient commencé à pousser un peu partout, de toutes les couleurs. Bon, c’était pas aligné, hein… Mais c’était joli quand même.

Puis dans le lot, une ronce et une ortie s’étaient invitées.

« V’là des mauvaises herbes ! », que j’m’étais dit.

Alors, avec une petite serpette, je m’étais appliqué à couper les malotrues. Tchac ! La ronce ! Tchac ! L’ortie… Ha ! Ha ! Elles faisaient moins les fières.

Mais c’était peine perdue : dans le secret de la terre, les racines se propageaient et perçaient la surface jusqu’à envahir le champ. Impossible de lutter contre ça.

Les pauvres fleurs multicolores, elles n’y voyaient presque plus rien, du coup.

Les passants se disaient : « Quel laisser-aller ! Quel fouillis ! Voilà un champ bien mal entretenu… »

Et moi, je rêvais de tout brûler.

14199498_10209332356121462_2139282636553404509_nEt puis une tige avait poussé plus haut que les autres, avec des feuilles toutes plates, puis des branches. Promis, que j’y étais pour rien ! Mais c’était bien joli quand même, quand ça bougeait comme des drapeaux.

Et puis c’était devenu un arbre. En dessous, les broussailles, elles avaient moins bonne mine. Même qu’elles séchaient et devenaient toutes blanches. Alors c’était plus facile de les casser. Cric ! Crac ! En levant bien haut les pieds, je marchais dessus pour les réduire en poussière.

Et quand d’autres arbres avaient poussé, ben, j’étais bien content, finalement. En moins de deux, je m’étais retrouvé dans une forêt !

Alors, forcément, ça ne ressemblait pas trop au champ du père Marcel — Le père Marcel, c’est celui qu’a un grand champ tout plat et tout jaune avec rien que du blé tout dur sous la dent.

Mais mine de rien, y’avait un équilibre, dans ma forêt. Y’en avait de toutes les tailles, de toutes les formes, et tout le monde s’y retrouvait. Pas besoin de tuteur : les arbres, y poussaient droit aussi haut qu’y pouvaient et ils laissaient un peu de lumière pour ceux du bas. Les ronces et les orties avaient même trouvé leur place.

Et tiens, il y avait des lianes où on pouvait se suspendre comme Tarzan.

Bref, on s’ennuyait pas.

Et les fruits ! Ah ça ! Il y avait de quoi faire. Et puis goûtus ceux-là — nan… parce que sans être méchant, le blé ça va cinq minutes…

Sans parler des animaux qui sont arrivés aussi : mulots, écureuils, lièvres, chouette, renard, martre, sanglier, cerf, ours… (j’y passerais des heures à tous les dire…) et des milliers d’oiseaux de toutes les couleurs.

Alors bon, finalement, j’suis peut-être pas bon pour les champs et les potagers, mais si vous voulez faire un tour dans ma jungle, cherchez pas le plan : prenez juste une boussole et laissez-vous étonner !

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