Même pas mal ?

MÊME PAS MAL ?
Témoignage de confinement / 7
Par Christian, de base 5 en tête-à-tête

Je savais bien que l’incertitude régnait dans ce monde et qu’il n’était finalement qu’un patchwork de terra incognita d’où pouvaient surgir à tout moment des phénomènes qui augmentent dangereusement votre dépendance.

Dépendre immédiatement de ce que font les autres, de ce qu’il savent et que vous ne savez pas, voilà une situation délicate pour une personne de base cinq. Observer que même des médecins ont pu, dans les premiers temps de la crise que nous vivons, présenter des croyances comme des vérités, il n’en faut pas plus pour vous mettre en tension.

Alors vite, se mettre à la recherche d’une information suffisamment factuelle et froide, voilà une piste utile pour éviter une intrusion qui peut vous mettre en pièces. Car, quand on y songe (et on y songe beaucoup), quoi de plus intrusif qu’un virus imperceptible par nos sens qui agit à votre insu et qui se nourrit de votre intimité?

Alors le confinement devient une solution facilement acceptée quand on n’est pas sans repères dans cette forme de détachement. Ce temps entre parenthèses m’a permis, par exemple, d’écrire à mes petits enfants pour qu’ils puissent lire plus tard un témoignage de leur grand-père sur la crise sanitaire en cours. D’usage plus immédiat, j’ai également écrit pour eux un petit conte illustré qui met en scène un méchant microbe minuscule et tout noir. Un peu de connaissance pour la route.

Le monde continue à s’activer et de très belle manière. On ne perçoit aucun renoncement, bien au contraire. J’y participe à distance. Quelle nourrissante émotion! Et puis, il faut bien l’avouer, être en tête-à-tête avec la femme de sa vie, quelle aubaine!

Je cite pour finir le poète Jean-Pierre Siméon qui commentait récemment le chemin de croix: « La pire des ruines: quand la ruine est en nous et que la lumière est impossible ».

 

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