LE DEVELOPPEMENT PERSONNEL DU CHRETIEN
Norbert Mallet
Salvator
L’expression développement personnel fait naître bien des réticences. Il faut dire qu’elle n’est pas heureuse. Développement pour l’homme renvoie inconsciemment au développement économique, donc à une forme de matérialisme. Et il est vrai que toute une série d’outils de développement personnel peuvent apparaître comme des techniques de mieux-être assez ras des pâquerettes dans le meilleur des cas, voire des concessions au syncrétisme ou au relativisme de l’époque, dans la ligne du trop fameux New Age.
Le nouvel ouvrage de Norbert Mallet a le mérite de poser la problématique en évitant deux écueils : celui de la peur, qui conduit bien des chrétiens à jeter le bébé avec l’eau du bain en récusant toute forme de travail sur soi au prétexte que ce peut être dangereux ; celui de la superficialité qui consiste à faire de telle ou telle méthode un absolu, une voie de salut.
Avec pédagogie, Norbert Mallet montre que de tout temps, l’homme a cherché à faire progresser cet homme que je suis en particulier et qui n’est pas réductible aux autres. Chez Aristote ou chez les Pères du désert, on trouve cette idée que chaque personne est singulière et que chacune a son propre chemin vers la vertu et le bonheur. Ces différents chemins peuvent être regroupés en plusieurs grandes familles de caractère autour d’une passion dominante, considérée comme éthiquement neutre chez Aristote et saint Thomas, dans son excès chez les Pères. Quelles que soient les différences entre les approches, il est important de comprendre que la tradition philosophique et spirituelle du christianisme parle toujours d’une éthique des caractères qui prend en compte la diversité des chemins de chacun. A l’extrême, la colère sera pour une personne un excès à éviter le plus possible, tandis que pour telle autre elle pourra être un moyen d’exprimer ce qui pourrait être occulté par une forme de lâcheté ou d’indifférence.
Norbert Mallet insiste à juste titre sur le fait que cet ancrage dans une vision éthique est indispensable pour qu’un outil de développement personnel ne devienne pas coupé de la finalité propre à chaque être humain : la voie de la vertu, signe du bonheur. Recourir à des formations menées dans cette perspective-là, savoir se repérer dans les outils proposés, pouvoir être en contact avec un formateur qui dispose de ce fondement éthique : voici autant de défis que Norbert Mallet aide à relever. Il m’a fait l’amitié de m’interroger sur la méthode Vittoz et son lien à l’ennéagramme. J’en suis d’autant plus heureuse que cet enracinement éthique de l’une et de l’autre est au cœur de ma pratique.