François Mitterrand et la base 5

FRANCOIS MITTERAND
Un archétype de la base 5 en social*

Secrète, distante, calme, cérébrale: ainsi voit-on la personne de base 5. François Mitterrand en serait-il un archétype?

Plusieurs pistes vont en ce sens, dont celle d’un centre d’intelligence mental: rapidité de l’intelligence, précision du verbe, recours au calcul rationnel.

Plus caractéristique peut-être, cette retenue, cette réserve que certains pouvaient juger hautaine ou froide. La personne de base 5 place ses interlocuteurs à distance, notamment pour ne pas être envahie émotionnellement et garder le recul nécessaire pour comprendre et contrôler son environnement: le regard de sphinx de François Mitterrand, son économie de paroles, ne sont pas sans y faire penser.

Et puis, il y a ce dont ses proches témoignent à la fin de l’excellent film documentaire de Jean Lacouture et Patrick Rotman: la capacité à cloisonner. Personne n’était en mesure de connaître l’intégralité de la vie de François Mitterrand. Il séparait rigoureusement sa vie privée de sa vie publique, et au sein de sa vie politique ou amicale ne mélangeait par les différents cercles. Jusqu’à la fin de sa vie, il continua à déjeuner une fois par an avec son vieil ami l’écrivain Jacques Laurent, homme de droite, qu’il avait connu avant-guerre dans les milieux étudiants royalistes de l’Action française, sans jamais la recouper avec ses amitiés politiques plus récentes.

Tout comme personne ne pouvait imaginer la profondeur de la relation amoureuse qu’il avait avec Anne Pingeot, la mère de Mazarine. Plusieurs lettres par jour, écrites passionnément dans le secret de sa chambre: l’émotion n’est pas étrangère à la personne de base 5, loin s’en faut; mais s’y abandonner pourrait brouiller la rationalité, c’est pourquoi elle se vit souvent dans la solitude, après coup, à l’abri des regards.

De même, les interrogations profondes de Mitterrand sur la mort et sur Dieu, furent-elles toujours partagées avec un petit nombre, sans doute les rares qu’il jugeait au niveau nécessaire pour avoir avec lui ce genre de conversation: conjugaison caractéristique de la base 5 de la recherche du sens et d’un certain élitisme.

Sans doute la carrière exceptionnelle de François Mitterrand tient-elle, non pas à cette passion de la réussite qui anime par exemple les personnes de base 3, mais à cette avarice de soi qui est l’excès de passion de la base 5. Mitterrand a eu cet art incroyable de donner peu autour de lui, sauf des positions d’honneur une fois qu’il sera élu, et de beaucoup prendre. Sans aucun doute y est-il arrivé car la supériorité de son intelligence, alliée au culte du secret et de la dissimulation, a-t-elle exercé dans son entourage une fascination rendant possibles tous les dévouements, même les plus irrationnels.

À ce stade, on ne peut pas omettre de signaler l’importance du sous-type social qui donne à ces personnes de base 5 une capacité à comprendre les fonctionnements collectifs, à parler en public, et aussi, pour le pire, à manipuler avec des accents déconcertants de sincérité.

L’efficacité dès lors devient redoutable, d’autant qu’en activant sa flèche 8, il est en mesure de déployer une puissance insoupçonnable habituellement. La fameuse campagne d’affiche de 1981, avec la chapelle en second plan, est d’ailleurs une illustration:  en mélangeant l’étiquette progressiste due au socialisme et la référence terrienne et ancestrale figurée par la chapelle romane, l’image donnait au candidat une stabilité que venaient renforcer le slogan, particulièrement réussi de sa campagne: la force tranquille.

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son œuvre. 

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