DU FAIRE A L’ETRE
Témoignage de confinement / 5
par Barbara, de base 3 en tête-à-tête
Le confinement ne représente pas pour moi un arrêt brutal de l’activité mais plutôt la confirmation d’un ralentissement entamé depuis quelques mois déjà et l’approfondissement d’une prise de conscience, un changement profond de paradigme.
Au début du confinement, c’est mon sous-type tête à tête qui a été le plus fortement impacté. Les conversations et entretiens en face-à-face ont toujours eu à mes yeux, une grande importance. Je suis coach et thérapeute, et pour moi, la co-construction se fait dans la présence que seule, et c’est ce que je croyais jusque- là, la relation en face à face pouvait assurer. Bien sûr, de base 3, avec son goût pour les défis, les objectifs, je m’étais à plusieurs reprises prêtée au coaching en ligne ou à la formation à distance, mais toujours avec une espèce de dédain et la conviction que cela enlevait une grande partie de l’efficacité.
Puis est arrivé le confinement, et j’ai dû, bon-gré mal-gré, si je voulais poursuivre mon activité, proposer la thérapie à distance. Quelques-uns de mes clients ont accepté, et oh surprise, j’ai découvert que je pouvais là aussi créer une vraie présence, une vraie relation et à quel point cela pouvait être efficace. Pour ma base 3 tête-à-tête cela s’est avéré très positif.
Tout-à-coup, et cela aussi a été une bonne surprise, je pouvais passer plus de temps avec mon époux. De base 3 comme moi, il a tendance à travailler beaucoup, à se déplacer souvent, bref, à être en mouvement. Avec le confinement, plus de déplacements, du télétravail, et davantage d’activités en commun, promenades, travaux de jardin et surtout plus de moments de répit, de conversations longues, profondes, essentielles, de bons repas partagés. Un ralentissement, une intériorisation qui fait du bien.
Au début du confinement, fidèle à ma base 3, il fallait que je trouve des choses à faire, que je me pose des défis. Animer des conférences, m’inscrire dans un groupe de coachs qui allait travailler sur des formations en ligne, être volontaire sur une plateforme de thérapeutes bénévoles pour écouter les personnes qui ne vont pas bien. Aucun de ces projets ne s’est fait comme je le pensais. Au début je n’ai pas compris pourquoi, cela a généré de la frustration, une comparaison malsaine avec les autres où moi, forcément, j’étais en échec.
Aujourd’hui je comprends pourquoi cela ne s’est pas fait. Le confinement m’a mise en face de cette dualité être/faire qui a été, pendant une grande partie de ma vie, ma ligne directrice. Le confinement m’a invitée à ne rien faire, ou à en faire moins, à avoir une autre relation au temps, à être. Difficile au début, parce que je l’ai vécu comme de la procrastination, de la paresse (peut-être ma flèche en 9?), avec son lot de critique intérieure. Puis, petit à petit, j’ai commencé à me laisser vivre, à me laisser guider par mes sensations, je suis restée de longs moments à contempler la nature qui s’éveillait, les bourgeons qui se formaient, les abeilles qui butinaient et à écouter les oiseaux qui inondaient l’espace de leurs chants mélodieux. Je me suis assise, j’ai médité, j’ai fait du yoga en pleine présence, et j’ai trouvé cela si agréable. Aucune pression, aucun besoin de faire mes preuves, d’atteindre un objectif, pas besoin de plaire ou d’impressionner, juste être là. Et, comme dans un flux, naturel, juste, à mon niveau, je me suis mise à disposition des personnes qui avaient besoin de moi pour les écouter et les soutenir inconditionnellement.
Je ne fais pas vraiment de plan pour le futur, car quand j’anticipe trop, ma flèche en 6 me fait voir tous les risques, tout ce qui pourrait mal se passer. Alors, je préfère méditer sur la peur pour l’apprivoiser et être capable de faire des plans raisonnables, ne pas retomber dans un excès d’activité pour combler, ou au contraire dans une paralysie bloquante.
Cette période de confinement m’apprend à faire confiance en ce qui est là, en ce qui émerge dans l’instant, à me faire confiance et à faire confiance dans le fait que les choses vont se mettre en place naturellement dans une action juste, sans forcer ni batailler.
Merci pour l’authenticité de ce témoignage Barbara. Cela raisonne fort…