ENNEAGRAMME ET SPIRITUALITÉ CHRETIENNE
Icare, sculpture à Bose
Cela faisait longtemps que je rêvais d’animer une session dans un cadre monastique où cette méthode de connaissance soi qu’est l’ennéagramme aurait pu être articulée, sans confusion ni séparation, à une démarche spirituelle. Non pas à la façon d’Icare, ce personnage de la mythologie grecque mort d’avoir tenté de se rapprocher du soleil, mais avec les deux pieds bien plantés en terre, dans le réel et le présent. C’est chose faite, grâce à Panorama, car j’ai eu la joie d’animer avec François une session pour les lecteurs du journal au monastère de Bose, près de Turin. Retour sur ce temps fort.
Eglise du Monastère de Bose
Le principe était simple : transmettre l’outil de manière neutre, comme nous avons l’habitude de le faire, et proposer aux 57 stagiaires d’approfondir leurs découvertes à travers temps de silence et de prière, accompagnement par des moines et moniales de la Communauté, offices… Ainsi les domaines naturel et surnaturel seraient bien distincts grâce à la distinction des temps, des lieux et des personnes : chacun pourrait à sa guise et à son rythme faire les ponts intérieurs nécessaires.
Enzo Bianchi
Et c’est de manière très naturelle et harmonieuse que les choses se sont mises en place. Un thème était abordé en session, et la lecture spirituelle proposée à l’office s’en faisait l’écho. L’Évangile était proclamé à la messe et trouvait son incarnation dans l’étude qui suivait. Jusqu’à certaines clés de la pratique de la Lectio divina que nous donna Enzo Bianchi, fondateur de Bose, pour nous faire entrer plus avant dans l’intelligence des Écritures et son rapport avec la vie quotidienne de chacun.
Communauté de Bose
Mais plus encore que les enseignements, c’est sans doute la prière commune avec les près de 80 membres de la Communauté, également répartis entre moines et moniales, qui servit de ciment invisible et de creuset intérieur. La messe quotidienne célébrée par le Père Paul, stagiaire, l’émouvante musicalité des psaumes en italien à deux voix mixtes trois fois par jour ; mais aussi la vie quotidienne partagée avec les frères et sœurs de Bose : repas, conversations, vaisselle, visites des ateliers d’iconographie… ont permis cet équilibre subtil entre les langages du cœur, du corps et de l’esprit dont parle le Pape François.
Entre nous, la dynamique du stage a fait naître une communion étonnante : trois jours après le début du stage, un groupe était né, des amitiés s’étaient tissées dans l’humilité, la bienveillance et la vérité. Point d’orgue de cette fraternité : la dernière soirée, consacrée à une veillée de prière, où Jean-Baptiste de Fombelle, rédacteur en chef de Panorama eut le génie de laisser à chacun l’initiative. Prières et chants spontanés, louange et intercession, psaumes et lectures de Saint Paul sont montés vers le ciel devant le Christ en majesté de l’Eglise de Bose, dans une communion simple, profonde et joyeuse. Chacun a pu déposer son fardeau, demander les grâces nécessaires et remercier de ce qu’il est, selon le psaume 139 : « C’est Toi qui m’as formé les reins, qui m’as tissé au ventre de ma mère ; je te rends grâce pour tant de mystère : merveille que je suis, merveille de tes œuvres. »
Le tour de piste final manifesta avec émotion et sobriété les fruits de cette session : joie et paix reçues dans la contemplation du mystère de chacun, à travers une démarche humble et joyeuse de connaissance de soi. Nous sommes redescendus dans la vallée chacun – organisateur, animateurs et participants, différents de ce que nous étions à l’arrivée; avec des clés nouvelles pour mieux nous connaitre nous-mêmes et mieux comprendre les autres, une plus grande liberté intérieure.
« Gloria a te, Cristo risorto ! »