Archives de l’auteur : Valérie Maillot

Présence à soi

0PRÉSENCE A SOI
Par Laurence
Attachée de recherche clinique
Dans le cadre d’un stage de cohésion d’équipe médicale

Cette expérience m’a beaucoup apporté et m’a permis d’obtenir une vision de moi-même tellement plus lucide et tellement plus éclairée.

Je me sens beaucoup moins perdue face à certaines de mes réactions qui auparavant me semblaient parfaitement incompréhensibles et ridicules.

Je me comprends mieux et me sens moins étrangère à moi-même.

Le fait de savoir où sont mes faiblesses me permet de me focaliser sur la recherche d’une démarche positive pour les contourner.

Louis XVI et la base 9 en survie

LOUIS XVI louis-xvi-1
un archétype de base 9 en survie*

Il est difficile de parler de Louis XVI sans évoquer l’histoire passionnante et mouvementée de la fin de l’Ancien Régime et de la Révolution. Mais nous ne pourrons dans le cadre de cet article nous attarder sur l’explication de ses événements. Nous garderons le cap sur l’essentiel, sans musarder, à savoir la figure de Louis XVI, le roi guillotiné.

Louis, duc de Berry, naît dans une fratrie nombreuse derrière Louis, duc de Bourgogne, héritier du trône et objet de toutes les attentions, Xavier, duc d’Aquitaine, et devant Louis, duc de Provence, le futur Louis XVIII, et Charles, comte d’Artois, futur Charles X. Dans l’ombre de Provence, déjà fin, amusant et supérieurement adaptable à défaut d’être franc, et de Bourgogne, héritier idéal par son charme et une forme précoce d’ascendant, Louis passe inaperçu. Sans doute cela n’a-t-il pas arrangé la faible confiance en soi qui caractérise les personnes de bases 9, capables d’une telle écoute qu’elles peuvent finir par se trouver transparentes. Lorsque le dauphin, victime d’un accident sera alité, on le séparera de sa nourrice, ce qui sera pour lui un déchirement et il sera réduit à être la poupée de son frère. Une enfance et un caractère qui ne prédisposent pas à l’exercice du pouvoir, sauf que, Bourgogne mourant, Louis se retrouve dauphin en 1761. Il a sept ans.

Très vite on notera chez lui une tendance profonde à la dispersion – pour ne pas dire narcotisation – ce phénomène qui consiste à se plonger dans une foule d’activités périphériques (jusqu’à la suractivité) pour éviter l’affrontement à la chose même. Serrurerie, géographie, chasse sont des hobbies auxquels il consacre un temps considérable. Illustration : après une nuit de noces catastrophique avec la jeune Marie-Antoinette (ils n’ont que seize et quinze ans au demeurant), il part à la chasse au petit matin, comme pour exprimer une colère qui l’habite sourdement, mais ne sait s’exprimer.

Tout son début de règne est marqué par une recherche éperdue d’une harmonie impossible. Son premier geste (1775, il a 21 ans), inaugurant une politique de compromis qui ne lui permettra jamais d’avoir la main, est de renvoyer Maupeou qui était en train de réformer la vieille société d’ordres et qui, c’est l’avis de nombreux historiens, avec trois ans de plus aurait évité à la France une révolution. Le second est de rappeler les Parlements et de laisser s’installer une contestation aristocratique impossible à maîtriser dans un pays traversé par des revendications parfaitement contradictoires.

Louis n’est pas faible pour autant. Son discours devant les Parlements est plein de majesté et d’une certaine force. Mais il veut être craint et aimé, refuse le conflit en pensant que tout peut s’accorder. En 1786, il a une nouvelle chance de réformer le pays avec Calonne qui souhaite renouer avec la politique de Maupeou. Mais Louis XVI refuse de renvoyer les Parlements qui font obstacle à une réforme qui ne ferait pas leurs affaires. Encore cette peur du conflit. Calonne ne peut rien faire. Nous sommes en 1786: la monarchie d’Ancien Régime est déjà vacillante avant même que la révolution n’éclate. En voulant coûte que coûte préserver l’harmonie, en refusant le conflit, Louis XVI a laissé s’installer les conditions d’une explosion sans précédent en huit cent ans de monarchie capétienne.

La suite sera une longue agonie. La Révolution éclatant, Louis XVI tente de concilier l’inconciliable, la société d’ordres et la nation. Il ne choisit pas, alors on choisit pour lui. Renvoyant Necker puis le rappelant sous la pression, Louis perd toute crédibilité. La Révolution lui donne le droit de veto: il l’utilisera avec un art consommé de la résistance passive (où se manifeste la grande puissance de la base 9). De même fera-t-il preuve de courage face aux foules menaçantes. On peut difficilement mettre la fuite à Varenne sous le coup de la lâcheté, mais plutôt dans une tentative, encore maladroite, de trouver une issue. Une base 9 n’a pas peur, elle n’est pas faible par constitution, mais sa force est comme empêchée par un engourdissement.

ParSEdH74Les derniers moments, le procès, le testament qu’il rédige, sa dignité face à ses bourreaux, donnent à Louis XVI un rayonnement que sa vie politique n’aura pas pu lui procurer. De fait, Louis XVI n’était probablement pas de sous-type social. Il semble ne pas comprendre ce qui se passe, quand bien même est-il un homme d’une grande intelligence. En réalité, les questions de pouvoir paraissent lui échapper. Comme les jeux de la séduction, contrairement à la reine. L’homme passionné de géographie, de serrurerie et de chasse n’est jamais plus à l’aise que dans le cercle familial et domestique. Possiblement en survie, il trouvera sa place au moment où lui et sa famille sont aux mains des révolutionnaires. Louis XVI, à l’heure de sa mort, est un père de famille qui donne l’exemple à ses enfants, et continue à aimer son peuple avec lequel il a eu un rapport paternel dans une époque qui tue le père.

On imagine la souffrance intérieure qu’a dû subir ce roi assoiffé de paix et de concorde, au cœur d’une des périodes les plus violentes de l’Histoire. Ses derniers mots marquent la beauté d’un itinéraire spirituel et résonnent, au moment où la machine infernale va lui donner la mort, comme un cri de paix et d’harmonie : « Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France ».

* L’archétype est un représentant connu et supposé d’un type de l’ennéagramme, l’hypothèse reposant sur des éléments caractéristiques de sa vie ou de son oeuvre. 

 

Volcan et feu pour un mariage

unnamedLE VOLCAN ET LE FEU
Métaphore d’un mariage
par Anne-Sabine de base 8 et Patrick de base 3

Qui le premier du volcan ou du feu a  commencé ?

Certainement le volcan : de ses entrailles est monté brutalement un nuage de fumée, instantanément suivi d’explosions de pierres, d’étincelles et de crépitements… Il voudrait bien se calmer mais, trop tard ! Le couvercle a sauté… Une fois de plus, ce Vésuve bouillonnant de colère a fait des ravages, la nature est blessée…

Lui qui aime tant abriter sur ses flancs forêts, fleurs et quelques habitants, il n’a su s’arrêter. Tristement un nuage de cendres grises s’est ensuite déposé à ses pieds…

ob_3c61f0_volcan-de-fuego-eruption-july-28-2016Pendant ce temps la lave a coulé : le feu majestueux et noble s’est emparé de la nature pour l’illuminer. Il a couru sans s’arrêter, entraînant tout sur son passage. Il ne peut s’empêcher de passer d’arbre et arbre, réchauffant plus qu’il ne faut la nature impuissante à résister. Quelques oiseaux inquiets d’une telle énergie voudraient bien, si possible, pouvoir se reposer. Mais le feu continue sa course méthodique, se laissant tout à la fois admirer et craindre, non sans une certaine fierté…

Et le volcan gronde toujours.
Et le feu, toujours, poursuit sa course effrénée.

Quelle idée Dieu a-t-il inventée, que de laisser se croiser le volcan et le feu ?
Quelle chaleur, quel bruit, quelle énergie ! Tout y est démultiplié…

Puy de Pariou et puy de Dome, Chaine des puys, vue aerienne, 63, Auvergne, franceUn jour, peut être, le mariage du volcan et du feu ressemblera à ce paysage reposant des volcans d’Auvergne, ronds et verts, paisibles et reposants, où l’on viendra puiser une eau fraîche et pure, où le seul feu sera celui de modestes brindilles…

Allons,  ne rêvons pas… une vie n’y suffit pas…

Mais comme rien n’est impossible à Dieu, l’Eau Vive pourrait un jour calmer leurs ardeurs : Espérons !

 

Un psaume de fin de stage

19-transformations-de-chenilles-en-papillons-avant-apres-Morpho-peleides-2UN PSAUME DE FIN DE STAGE

« C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis : * étonnantes sont tes œuvres toute mon âme le sait.

Mes os n’étaient pas cachés pour toi * quand j’étais façonné dans le secret, modelé aux entrailles de la terre.
J’étais encore inachevé, tu me voyais ; * sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits, recensés avant qu’un seul ne soit !

Que tes pensées sont pour moi difficiles, Dieu, que leur somme est imposante !
Je les compte : plus nombreuses que le sable ! Je m’éveille : je suis encore avec toi.
Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée  éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur.
Vois si je prends le chemin des idoles, et conduis-moi sur le chemin d’éternité. »

Psaume 138, 13-18, 23-24

Retrouvailles avec moi-même

0RETROUVAILLES AVEC MOI-MÊME
par Valérie
de base 4

Avoir trouvé ma base, m’a éclairée sur ma vie. J’ai pu faire une relecture et comprendre sous une autre lumière mes voyages, mes départs, mes incertitudes, mes engagements.

Cela m’a permis de voir ce qui était important pour moi: le beau, le sens, les relations profondes.

Cela m’a apportée des repères, cela a mis de mots sur des comportements, des attitudes, des choix dans ma vie. Finalement je commence a comprendre un peu ma mécanique intérieure, ce qui me permet de m’aimer davantage et d’être plus indulgente envers moi-même.

En tant que base 4, je me sens parfois abandonnée. Le stage de l’énneagramme me permet de vraiment en prendre conscience quand cela arrive. Je peux donc dédramatiser la situation du moment, et cela avec le sourire.

Mon mari, de base 9, me soutient et me rassure, il va prendre soin de moi pour que tout redevienne harmonieux en moi. Je suis sa fleur unique et spéciale.

En avant la vie !

DSC05876EN AVANT LA VIE !
Par Anne
de base 1

Ce furent deux jours qui passèrent à une vitesse incroyable et avec une prise de conscience formidable.

Cette découverte de ma base, je l’ai reçue comme un cadeau que j’apprécie d’heure en heure.

Et cette découverte m’a donné des ailes. Je savais que j’avais beaucoup de force en moi, mais souvent contenue. Et alors là quelle libération, je vais oser changer et montrer ma colère, mon agacement par des mots car je sais que j’en ai la force.

Une délivrance ! En avant la vie !

Libéré !

OPineau 2010_2018-09-23_17-33-03LIBÉRÉ !
par Olivier
de base 9

Soulagement…

Le stage de formation à l’ennéagramme fût un réel soulagement par rapport à un complexe que j’ai depuis de nombreuses années. Responsable de différentes personnes, j’entendais toujours le même refrain: « tu n’es pas assez ferme ! », « tu es trop gentil »… Tiraillé au fond de moi, je me sentais tout seul.

Avec l’ennéagramme, j’ai compris que mon besoin  inconscient est d’être en harmonie avec chacun. Cette recherche d’harmonie s’est renforcée avec ma foi en Jésus-Christ car il nous demande d’être unis dans sa paix. Je pensais que toute personne de bonne volonté avait aussi cet objectif. Et bien non…Tout le monde ne recherche pas en priorité l’harmonie !

Maintenant je suis soulagé, je peux continuer à être moi-même: ma façon d’être m’est personnelle, et liée à ma nature.

Libération…

Après quelques semaines, je me suis vite rendu compte que ce soulagement n’était pas suffisant. Mon environnement, lui, n’avait pas changé. Je retombais dans les mêmes processus de tensions incompréhensibles. Comme St Paul le dit aux Romains 7, 19, « je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas ».

Après la lecture du livre ABC de l’ennéagramme, j’ai réalisé que nos points de vue sur le réel sont différents et que nos excès de passion peuvent entrer en collision. Puisque nous avons des motivations inconscientes différentes, les conflits deviennent inévitables, surtout si l’on reste figé dans son point de vue. Dans ces conflits, l’harmonie en place se brise. Je suis alors perturbé par beaucoup d’émotions aversives. Elles peuvent alors m’entraîner dans une spirale de ressentiments et de réactions que je ne souhaite pas.

Avec l’ennéagramme, je comprends que je dois accepter cette perte d’harmonie, qui est normale. J’apprends à accueillir les émotions désagréables, les remarques, les insatisfactions de mes proches. J’essaie de rester lucide, et d’avoir un sentiment bienveillant :
– Je ne me sens plus coupable de cette perte d’harmonie.
– Mon proche a sa motivation, sa problématique et son histoire propres. Ses émotions et sa manière de les vivre sont du ressort de sa responsabilité. Je n’en suis pas responsable.
– Je me permets de mieux exprimer les choses, les faits.

Avec le temps, je constate que les conflits deviennent moins fréquents. L’ennéagramme me permet de vivre plus libre, de ne plus être esclave de mes émotions.

Merci à Valérie et à François !
Je rends grâce au Seigneur pour les avoir rencontrés.

Un huis-clos de tête-à-tête

imagesMADEMOISELLE DE JONCQUIERES
Un film d’Emmanuel Mouret, 2018

Un huis-clos de tête-à-tête et une illustration du triangle de Karpman

Tout est beau, délicat: les costumes, la langue, les paysages, la musique. Un régal esthétique. Tiré d’un épisode de Jacques le Fataliste de Diderot, le dixième film d’Emmanuel Mouret est remarquable pour la qualité de sa mise en scène et la subtilité des caractères qui ne jugent jamais aucun des personnages embarqués dans une vertigineuse histoire de séduction. Pas de manichéisme ni de moralisme, le secret des cœurs et des destinées reste entier, sans enfermer l’un ou l’autre des personnages dans un message à faire passer. Tout reste ouvert.

Cette liberté laissée au spectateur permet une lecture passionnante à trois niveaux : les profils de l’ennéagramme, les sous-types et ce phénomène psychologique, bien plus répandu que l’on ne croit dans les relations, du triangle relationnel de Karpman – sur lequel on attend d’ailleurs avec impatience la sortie du nouveau livre du Père Pascal Ide le 5 novembre aux Editions de l’Emmanuel.

mademoiselle-de-joncquieres-678x381L’histoire est simple et vieille comme le monde: le marquis des Arcis, libertin notoire, mène une cour incessante à madame de la Pommeraye, jeune et belle veuve, retirée du monde qui finit par s’abandonner à lui. Mais bientôt le butineur se lasse et la veuve blessée ourdit alors une vengeance terrible.

L’hypothèse typologique nous incline à pencher vers une histoire entre deux types mentaux dont la merveilleuse langue de Diderot met en relief la célérité cérébrale et le goût du mot juste et souvent assassin. Base 5 pour madame de La Pommeraye interprétée par la sublime Cécile de France: détachée du monde et des regards, observant le monde et les frasques de son ami avec amusement; elle est distante, presque froide; cultive un côté inaccessible et pratique une aisance du verbe fin et piquant qui ne fait qu’exacerber le désir du marquis. La base 7 pour le marquis semble bien plus simple encore à envisager: papillonnant de conquête en conquête, à la recherche constante du plaisir à tous les niveaux, léger et drôle, il se lasse vite et sa quête de nouveau semble ne pas avoir de fin.

x1080-mxkMais plus encore que les types, ce sont les sous-types qui apparaissent, dans un formidable jeu de tête-à-tête. Tout se passe dans les regards et dans les cœurs, pour le meilleur et pour le pire. La scène près du lac ou rien n’est montré et tout est dit de la communion des cœurs par le truchement de la nature, en est la plus belle expression.  Experts en séduction, focalisés sur la relation (ami, amant ou même passion professionnelle, artistique etc.), les personnes en tête-à-tête sont douées d’une intensité du regard intérieur et extérieur, d’une capacité de concentration et de présence à l’autre, mais aussi d’un sens aigu de la rivalité et de la compétition…

maxresdefaultLe duo de ce film pourrait en être une illustration magistrale, avec deux combinaisons différentes. Le sous-type exacerbe le type chez le marquis: l’intensité de l’un vient renforcer l’enthousiasme et l’excitabilité de l’autre. On attribue au 7 en tête-à-tête les mots de fascination-suggestion superbement mis en mouvement par la cour patiente et régulière qu’il mène auprès de la belle veuve. Fasciné par les femmes, au point d’en devenir littéralement hors de lui, il est capable d’une force suggestive prodigieuse. Tout est mis en œuvre au service de la jouissance d’un tête-à-tête prometteur: car bien souvent, en 7, c’est le plaisir anticipé qui est la quête, plus que celui du moment, qui bien souvent lui échappe.

3101158Pour madame de la Pommeray, les choses sont plus complexes. Son sous-type (dont l’urgence est de rentrer en relation) et son type (dont l’urgence est de se retrancher du monde pour l’observer) sont en contradiction. C’est peut-être la raison pour laquelle, après s’être livrée au séducteur et donc l’avoir introduit dans une intimité protégée, elle supportera d’autant moins d’être ensuite trahie et déploiera un piège d’une finesse et d’une froideur terribles.

68ba53e_4QcayNVxbGf9VHSGQcFbCfYlC’est au cœur de ces paysages intérieurs, que le jeu psychologique mis au jour par Karpman trouve son incarnation. Le Triangle dramatique  consiste en un jeu pervers et inconscient dont le but est de maintenir une excitation relationnelle où chaque protagoniste joue alternativement les rôles de bourreau, victime et sauveur, tournant au gré des situations, jusqu’à la manipulation. Chaque personnage y participe, jusqu’aux secondaires mais il serait trop long de nous y attarder. Les personnes en tête-à-tête en sont probablement les champions – et les jouets, car c’est un piège sans fin et une vrille infernale où même celui qui semble subir est complice. Le seul moyen d’y échapper est de sortir de la triangulation, au risque de perdre la relation par manque d’excitation.*

3248335.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxC’est là qu’intervient mademoiselle de Joncquières, dont les intentions ne sont peut-être pas aussi pures qu’il n’y paraît… Dans la vengeance qui est au cœur de l’intrigue, il serait facile d’enfermer les trois protagonistes dans un rôle: le bourreau pour Madame de la Pommeraye, la victime dans celui de mademoiselle de Joncquières et le sauveur dans celui du marquis. A y regarder de plus près, les trois personnages tournent alternativement : la belle veuve joue aussi à la perfection la victime en amante délaissée, et passe même un temps à se mettre dans la peau du sauveur de la jeune fille. Le marquis, victime du complot, après avoir été bourreau des cœurs, semble terminer en sauveur. Et la jeune fille, prototype de la victime, semble devenir sauveur du courtisan invétéré en le libérant de son papillonnage.

Est-ce si simple ? Rien ne laisse penser que la conversion du marquis volage n’est pas une pirouette pour se sortir du guêpier et qu’il va rester fidèle à mademoiselle de Joncquières. Sa dernière réflexion, sur ton de joute revancharde, montre bien qu’il n’est pas sorti du triangle. Dans cette même scène finale, le regard de la nouvelle marquise des Arcis a des relents de conquête et interroge sur ses intentions des scènes précédentes. Rien ne dit que les rôles ne vont pas continuer à tourner: madame de la Pommeraye en nouvelle victime, la toute neuve marquise en nouveau bourreau… comme rien ne dit que chacun ne va pas trouver en lui les ressources pour oser sortir du triangle, en son temps, pour reconquérir sa liberté intérieure.

* Pour en savoir plus sur le Triangle de KarpmanVictime, bourreau ou sauveur, comment sortir du piège de Christelle Petitcollin, en Poche.