AIME ET CE QUE TU VEUX, FAIS-LE
Témoignage de confinement/25
par Nathalie, de base 3 en tête-à-tête
Le confinement me fait captive mais tellement libre… Ces deux mois m’ont ouvert les portes des choses simples et pourtant oubliées.
Quand je parviens à tout contrôler, je m’assure que rien ne peut m’arriver ou presque… Quelle illusion! Je n’ai pas attendu le confinement pour en prendre conscience mais il m’a appris à que le bonheur est tout proche pour qui sait recevoir.
Au début du confinement, fidèle à ma base, je me fixe des objectifs, être dans l’efficacité et la performance. La pratique de la méthode Vittoz étant déjà bien amorcée, je me suis dit finalement que j’allais vivre ce temps si particulier à mon rythme. Voilà deux mois que je me suis mise au rythme de la nature ou presque. Au diable l’efficacité et les cadences infernales. C’est curieux car, dans ma vie d’avant, je me rappelle être toujours sollicitée par quelque chose à faire (efficacité quand tu nous tiens…). Ce confinement me libère de la pression du temps et me permet de mettre à profit la vertu d’eutrapélie. Prendre le temps d’écouter le chant si varié des oiseaux, contempler la nature qui s’éveille, admirer les fleurs, sentir leurs parfums, admirer les animaux qui sont à l’orée du jardin (biches et chevreuils), écouter la chouette qui hulule dans le sapin, le coucher du soleil… Et m’improviser jardinier en maniant la bêche, la pioche, la binette, le sécateur et m’apercevoir que je suis en pleine harmonie avec la création, j’active alors ma flèche 9 que je laissais soigneusement de côté et je me rends compte que j’y trouve beaucoup de plaisir et une grande sérénité. Chaque jour je pratique la relaxation et quelques pratiques sportives: un gigantesque bienfait.
Tout est plus intense, écouter un opéra, et vibrer d’émotions, se remplir de toutes ces belles
choses qui vont probablement me changer. Je ne goûtais pas la saveur des choses
parce que le rythme que je m’imposais ne me laissait pas de répit… Durant une partie de ma vie, j’étais dans le faire, cette pause m’invite à en faire moins, à ralentir le rythme, la relation
au temps devient différente et me permet de faire l’expérience jubilatoire de l’oisiveté. Mon esprit n’était pas disponible pour les réceptivités douces, elles m’étaient même parfois inaccessibles. Lorsque je ralentis, mes pensées et mes sens deviennent disponibles pour ces petites choses que je peux recevoir pleinement. Aujourd’hui, je fais ce qui me plait, je ne parle pas d’inaction mais simplement de rester assise là, sans écrire, sans lire, sans parler, sans rien faire juste le plaisir d’être là. J’ai pris conscience qu’être productive, obtenir des résultats rapides, ne pas perdre de temps pour être rentable, réduit considérablement la sensibilité aux plaisirs simples et esthétiques, laquelle requiert une aptitude à savourer, accueillir ce qui est.
Toutes ces bouées de sauvetage (musique, lecture, cinéma (chez soi !) jardin, cuisine,
échanges avec les enfants) feront désormais partie des aménagements que je souhaite
mettre en place après, pour vivre autrement. J’aimerais croire à un monde meilleur,
bienveillant après cette période mais de cela je doute. Ma flèche 6 me paralyse et me fait
entrevoir les inquiétudes pour l’avenir et les inévitables incertitudes… Elles sont néanmoins atténuées par le retour à l’instant présent à chaque égarement de mon cerveau. Cette flèche me montre tous les risques d’un futur peu réjouissant mais je prends le temps d’accueillir les émotions qui m’habitent et d’apprivoiser mes peurs et le côté battant resurgit…
Au sens spirituel, j’ai pris du temps quotidiennement pour la lecture de la Bible et un temps
de prière assidu, un tête-à-tête avec Dieu, des écoutes d’homélie et de conférences. Période
propice à l’interrogation sur le sens de ma vie, ma relation à Dieu. Me taire, écouter le
silence… J’ai su mettre à profit mon aile 2: prendre le temps d’appeler les amis éloignés, les grands-parents, ceux qui souffrent, ceux dont je n’avais pas de nouvelles depuis longtemps, une
voisine malade, faire profiter des bons œufs frais de mes poules dans mon voisinage, couper
des masques pour des maraudes et mitonner chaque jour des plats différents pour ma
famille: un vrai régal pour les papilles, les yeux, le nez…
Ce confinement fut pour moi un cadeau… J’ai peur de l’après et je le redoute. Je suis aussi remplie d’espérance… Mon corps et ma mémoire ont enregistré toutes ces
modifications de rythme, il n’appartient qu’à moi de l’écouter et de me souvenir, et de
bannir la vitesse, la hâte et la trépidation. Ce ralentissement est une intériorisation
bénéfique. Je sais que je peux être happée dans une spirale infernale, mais je sais
dorénavant que j’ai moins besoin de courir après le temps, car ce ralentissement est
ancré et je peux désormais puiser la joie dans la réceptivité.