RÉVÉLATION
Témoignage de confinement/26
par Anne, de base 5 en tête-à-tête
J – 2
Je suis en week-end avec des amis. Le gouvernement vient d’annoncer la fermeture des écoles. Des rumeurs de confinement planent… Nous écoutons les informations, inquiets; les messes vont-elles être interdites? Autour de moi, l’ambiance est électrique: peur, colère, tristesse, doute… les émotions explosent tel un feu d’artifice! Je sens beaucoup de tension autour de moi. Ma flèche vers le 7 s’active instinctivement: je me transforme en clown déchaîné! Je déploie des talents insoupçonnés pour que chacun retrouve le sourire.
Au fond de moi, je suis meurtrie, bouleversée, abandonnée devant l’église vide mais je me garde bien de prononcer un mot à ce sujet…
Lundi 16 mars
Je suis étonnée de l’effervescence qui règne au boulot. Je mets la journée à comprendre que je vais devoir rester chez moi 45 jours, enfermée, seule, sans pouvoir profiter du printemps. Je prends alors le temps d’emplir mes yeux de la beauté de la nature avant de rentrer.
Je n’ai rien anticipé, rien! et je m’efforce de ne pas écouter la seule question qui me vient comment vais-je supporter la solitude? Le reste m’importe peu: des solutions, il y en a toujours.
Une amie m’appelle: Nous partons à la campagne, tu viens avec nous? Sans prendre le temps de réfléchir, j’accepte! Je suis fière de ne pas écouter mon instinct de 5 qui s’inquiète de quitter son refuge. Mon aile 6 entre en action; en une heure, je suis prête à partir. Je n’oublie pas de prendre le bon chocolat que j’ai en réserve prévoyant que nous ne serons pas encore libérés à Pâques.
J + 45
Mon cerveau est au repos puisque je ne peux rien prévoir, rien changer. Je suis davantage en centre corps. Je sens toute l’énergie de ma flèche 8. Dès que je le peux, je vais dans le jardin: tailler les arbres, planter des légumes, ramasser du bois, scier, tondre… Je m’émerveille, je prends le temps de voir les fleurs pousser, les arbres se couvrir de feuilles… Tout est si beau! Le sol tapissé de bleu par les jacinthes sauvages, le chant du rossignol, la mésange qui arrive pour les Rameaux, les clochettes du muguet qui s’ouvrent pour Pâques… Tous les matins, j’enfourche mon vélo pour aller acheter du pain frais. Ça me fait du bien d’être levée avant tout le monde, de profiter du calme, de la fraîcheur matinale, de pédaler dans la campagne (mon côté 5 en a bien besoin).
La cohabitation se passe bien. J’essaie d’alléger le quotidien de chacun en rendant de menus services et en veillant qu’il n’y ait pas de tension. J’écris, je chante, je sème des dessins humoristiques dans la maison, je téléphone pour rester connectée au monde, je joue du piano… Je suis heureuse, tellement heureuse d’être confinée avec des amis! Je découvre que je déteste la solitude. J’ai tellement plus d’enthousiasme et de volonté quand je ne suis pas seule… Moi qui me croyais associable; je recherche la compagnie!
Un soir, nous parlons tempéraments, ennéagramme. Mes colocs pensent que je dois être de type 7 ou 8 ou même 3 tant j’ai d’enthousiasme (je chante, je danse, je ris toute la journée) !!!
C’est une belle victoire pour moi. Il me reste pourtant bien des progrès à faire comme oser discuter de mes besoins, de mes sentiments. Alors que j’écris ces mots, on me demande ce que je fais, j’esquive, je n’ose pas leur montrer mon témoignage…