L’ABEILLE
par Lucie
de base 3 en survie
La nature est resplendissante en cette tendre matinée de printemps. Tous mes sens sont en alerte dans cette campagne verdoyante. Le soleil offre une douce chaleur qui se répand délicatement dans tous mes membres, la légère brise fait chanter les fougères, une délicieuse odeur d’humus envahit l’espace. Je m’approche de la forêt. Le muguet se cache aux yeux des rares promeneurs qui osent sortir à la rencontre du renouveau. Le paysage est d’une beauté à couper le souffle. Nature vertigineuse. Je vagabonde au gré de mes pas quand soudain, au détour d’un chemin mes oreilles captent un timide bruissement. Je m’approche à pas de velours, curieuse de connaître l’origine de ce bourdonnement.
Je perçois alors une activité intense, un mouvement effréné, des va-et-vient incessants.
Mes sens ne m’ont pas trompé dans cette forêt ensommeillée, je découvre un monde virevolté.
Les abeilles s’activent. Inépuisables. Que d’énergie dépensée. Il faut assurer la survie de la colonie. Hyper performante, rapide, efficace, compétente. La reconnaissance de la Reine leur donne des ailes. Toujours plus haut, toujours plus loin, rien ne peut les arrêter. Il faut plaire à Mère Abeille. Il faut briller.
Ton pelage jaune et noir scintille. Tu le sais, tu sais plaire et tu cherches à plaire.
O pauvre petite butineuse, arrête-toi, écoute-toi. Que te dit ce corps que tu plies sans cesse à ta volonté, que tu domptes pour qu’il soit le miroir de ton hypothétique toi, toujours en adéquation avec ce que l’on en attend.
Que te disent ces émotions qui parfois t’envahissent ? Incapable de les maîtriser, elles te submergent. Pour ne pas être ralentie tu les refoules instantanément. Tu leur jettes ton dard…
Arrête-toi, écoute-toi, prends le temps. N’oublie pas ; cette piqûre te sera fatale.
Petite abeille, je te promets, tu es aimée telle que tu es. Nul besoin d’un rythme effréné, d’un monde émerveillé. Prends le temps de te connaître.
Recherche la vérité. Abandonne toi. Sois libre. Ose vivre.