NEW YORK
Par Jean-Luc, de base 3
Le 3 ? New York, la grande ville qui brille et scintille. Ses gratte-ciels, ses ponts immenses, Central Park, son activité trépidante jour et nuit, son pragmatisme, son quartier des affaires, sa statue de la Liberté, ses espaces bohèmes comme Greenwich village… Le 3 vit d’émotions comme New York de pulsations. Les deux se confondent. Ce qui compte c’est le rythme dense, parfois dément. Nous pouvons tout. Nous voulons tout. Nous avons tout. Réussir ou mourir. Pas d’alternative.
En apparence… hélas.
New York est visible de partout, désirée de tous, connue universellement. Elle est le phare qui illumine – étonnamment – le monde. Sa réussite a nourri le rêve de millions de migrants. Little Italy, China Town… hommes et femmes sont venus s’installer chez nous fuyant la misère, la maladie… Car chez nous, ils avaient plus de chance de réussir qu’ailleurs. Nous étions le refuge, la chance renouvelée, le nouveau matin et la compréhension, la force du don, la volonté absolue. Car New York derrière sa dureté est tendre et amoureuse.
A New York, tout le monde a sa chance à condition de travailler dur. Tout est pensé pour aller vite, pour être efficace, fonctionnel, organisé. Et si cette belle ville attire, c’est parce qu’elle a réussi et gagner tous les défis qui se présentaient à elle. Elle a absorbé toutes les contraintes et sublimé les solutions. Elle a su nourrir la réflexion et aussi été capable de souder les poutrelles d’acier des gratte-ciels. Très pratique New York ! Cette belle énergie se ressent partout. La veine est sous pression. Dans les parcs les gens courent le matin. Il faut rester en forme, solide, pour croquer la vie à pleine dent dans Big Apple.
Avec quand même une crainte… petite mais terrible : l’échec.
Il y a des échecs. Un pont mal étudié, lancé trop vite et qui n’a jamais atteint l’autre berge. New York en a abandonné la construction pour rebâtir à côté un pont plus important, bien pensé, avec ses différents tabliers où passent les voitures, les camions, les trains. Il y a ces quartiers où des immeubles entiers, vétustes, lépreux sont abandonnés. Pas rasés. Pas démolis. Quel intérêt ? On reconstruit à côté : plus grand, plus beau, plus haut. Et on oublie ces échecs architecturaux devenus des ghettos. Très vite. Nous ne les voyons même plus : voilà qui serait bien trop douloureux. Nous nous mentons à nous-mêmes avant de mentir aux autres. La douleur…
Pourtant notre ville n’est-elle quand même pas la plus belle ? La plus puissante ? La mieux en vue ? Dans l’activité de Wall Street, l’argent, le succès, les prises de bénéfices nous intéressent moins que le pari, que le défi, que le jeu à condition de gagner. L’enjeu est de posséder le monde et ses ressources. La conquête est notre maître mot. Mais en fait ce jeu, nous le savons (devenus lucides), est sans fin et vain. Une fois gagné un défi, nous nous sentons vide, dépouillé, dépossédé. Finalement c’était si facile. Était-ce un vrai défi ? Mais là nous nous mettons à nu. Insupportable. Vite un nouveau projet !
New York est une ville de l’énergie, de la puissance, de l’inlassable recommencement. Avons-nous élevé un nouveau gratte-ciel que nous en avons déjà projeté trois ou quatre, dix, cent autres. Tout le monde à sa chance, oui. Artistes, chercheurs, hommes d’affaires, Noirs, Blancs, Hispanos, Asiatiques à condition d’être le meilleur ou de travailler à l’être. Tout le monde est accueilli avec intérêt, empathie, sincérité à condition de partager la règle commune de l’ambition, de la réussite. Sinon, allez vivre ailleurs.
Pourtant, parfois la désillusion est amère. Notre ville est-elle aimée pour elle-même ou parce que tout lui réussit ? Parfois, la fatigue se fait sentir, les embouteillages culminent avec un ciel qui s’alourdit de menaces. Quel choc lorsque nos deux tours de World Trade Center ont été foudroyées. Ainsi donc, tout le monde ne nous aimait pas ? Quelle stupeur. Quelle incompréhension. Et cependant… au lendemain de cette tragédie, nous avons déblayé les gravats, pleuré nos morts, pansé nos blessures et recommencé à bâtir. Avec pudeur et émotion. Nous n’oublierons pas. Jamais. Et nous ferons justice impitoyablement. Car même à genou, nous nous battons encore, puis nous nous relevons. Et nous savons nous venger.
Sachez-le :
New York est inépuisable. Indestructible.
New York brille.
New York vous aime et vous accueille. Jouez le jeu. Vous serez heureux.
Et aimez-nous ! Alors nous nous abandonnerons dans vos bras pour nous découvrir autrement. Nous avons tellement besoin de vous. Désespérément. Ainsi nous nous retrouverons ailleurs que dans la réussite ou le travail.
Welcome !